7 500t a vide, 1920 passagers, 200m de diamètre

Date terrestre : 22h17 Mardi 16 janvier 2142

Date Vénusien : 7H00 Croday 45 advanae 61

Lieu : 75 000km au-dessus de Vénus

7H00, Un réveil sonne, le temps de le déconnecter, vous ouvrer les yeux sur une petite chambre blanche minimaliste avec un mobilier fin et léger. Les souvenirs vous reviennent, le Bifröst, vous êtes à votre dernier jour de voyage vers Vénus. Cette histoire a commencé après un stage dans les colonies minières de la lune, lorsque l’on vous a proposé un emploi dans la station Babakine. C’est une colonie vénusienne de taille moyenne, environ 20 000 habitants, nommé en l’honneur d’un ingénieur ayant marqué l’exploration spatial et de Vénus en particulier. Pour l’instant le contrat porte sur 15 mois sur place avec la possibilité de rentrer sur Terre à l’issue de ce premier contrat. Ce sera aussi pour vous l’occasion de découvrir un nouvel environnement et de changer des bunkers lunaires ainsi que des sorties en scaphandre. Ainsi, vous n’excluez pas la possibilité de prolonger le contrat sur place car si près d’un demi-million de personne se sont installées définitivement sur cette planète c’est que la vie doit y être confortable.

L’image qu’on se fait de la colonisation Vénusien est inspiré de la cite des nuages de Bespin dans Star Wars

Découverte du Bifröst

Il y a cinq mois, vous avez commencé par rejoindre une nouvelle fois la Lune grâce aux vaisseaux qui font régulièrement la navette depuis la Terre. Mais au lieu de prendre un atterrisseur pour la surface, vous avez rejoint le Bifröst en orbite d’attente lunaire haute. Le Bifröst, du nom du pont entre les mondes des légendes nordique, est un des vaisseaux de transport interplanétaire comme il en circule à chaque fenêtre de tir depuis le début de la colonisation spatial. Entre deux fenêtres de tir, Ces immenses vaisseaux sont souvent placés sur des orbites d’attente très elliptiques autour des planètes. Cela fait qu’une faible accélération leur permette d’atteindre la vitesse de libération et de se placer sur une trajectoire interplanétaire. Sur la Terre, une telle orbite impliquerait de nombreux passage dans les ceintures de radiation de van Allen qui finirait par affecter l’électronique et la santé des techniciens de maintenance. Le Bifröst est donc stocké autour de la Lune ou il peut facilement être rejoint grâce au réseau de transport Terre<=>Lune et peut être ravitaillé en ergol produit sur place.

Trajectoire du Bifröst entre l’orbite d’attente autour de la lune et la trajectoire vers Vénus.

La première chose qui vous a impressionné en voyant le Bifrost, c’est son immense panneau solaire de 200m de diamètre qui plonge le reste su vaisseau dans la pénombre. En effet, en dehors des phases de propulsion, ce dernier est constamment orienté vers le soleil. Ce panneaux cache deux immenses roues constituées d’un entrecroisement de modules capables d’accueillir au total près de 2000 passagers. Avec une centaine de mètre de rayon et effectuent un tour en 40s, elles créent une gravité artificielle similaire à celle de Mars (1/3 de la gravité terrestre). Même faible, cette gravité est un soulagement pendant ce long voyage car vous permet de conserver la majorité des réflexes du quotidien (marcher, poser un objet sur une table, faire couler de l’eau, ressentir les gouts). Le centre de ces roues est constitué d’un épais tube central auquel restent amarrés les starships que vous avez utilisé pour rejoindre le Bifröst autour de la Lune et que vous allez utiliser aujourd’hui pour rejoindre Vénus.

Comparaison de taille du Bifröst

Voyage interplanétaire

Une fois tous les passagers embarqués, les roues du Bifröst ont dû s’arrêter, et coupent la gravité artificielle qui y règne. Le but est d’éviter l’effet gyroscopique qui diminue la manœuvrabilité du vaisseau. Grace aux moteurs de contrôle repartie sur le vaisseau, il a quitté son pointage vers le soleil pour se mettre sur sa trajectoire d’accélération. A ce moment-là, le moteur cryogénique situé à l’arrière imprime une faible accélération au vaisseau juste suffissent pour quitter l’attraction lunaire et plonger vers la Terre. Pour éviter d’endommager la structure, pendant le phase de poussé, des renforts fixe certain point des roues au tube centrale. Après deux jours de voyage, alors que la Terre grossière a vue d’œil dans les hublots, les roues ont été de nouveau arrêtées et on a demandé à tous les passagers de se rassembler au milieu des réserves de nourriture. En effet, ces entrepôts sont blindés contre les radiations et servent d’abri en cas de tempête solaire ou, comme cette fois-ci, pour le passage des ceintures de radiation de Van Allen. Après quelque heure vous avez pu sortir admirer une dernière fois la Terre toute proche. Alors que le vaisseau survole la planète à quelques centaines de km, les moteurs cryogéniques se rallument brièvement, impriment une accélération suffisante pour dépasser la vitesse de libération et partir vers Vénus. Après une nouvelle phase d’enfermement dans les réserves de nourriture pour repasser les ceintures de Van Allen, les roues se remettent en action et le vol interplanétaire a commencé.

Bifröst survolant la Terre

Vous vous rappelez la profonde sensation d’isolement que vous avez ressentie pendant ce voyage. En effet, à l’exception des premiers et dernière semaine, le Bifröst était littéralement seul au milieu du néant. La seule chose que vous observez dans les hublots était des étoiles qui (à cause de la rotation de la roue) défilaient sur un fond noir d’une profondeur insondable. Le principal point de repère, le soleil, est lui perpétuellement caché par le panneau. La Terre qui au départ se présentait comme un magnifique joyau bleu flottant dans le noir de l’espace était devenu au bout d’une semaine un simple point à peine plus brillant que les autres étoiles. Venus a commencé par se cacher à côté du soleil, puis est apparue comme un petit éclat brillant. Seuls les yeux les plus affutés permettaient de distinguer le fin croissant de lumière qu’elle formait. Avec le temps, elle a gagné en éclat devenant rapidement l’astre le plus brillant du ciel. Elle s’est aussi éloignée du soleil jusqu’à former un angle de 90° avec lui et le croissant est devenu un hémisphère brillant dont vous pouvez distinguer les nuages depuis quelques jours.

Croissant de Vénus (source)

Cet isolement visuel était complété par un isolement des communications dû aux distances astronomiques parcourues qui deviennent non négligeables face à la vitesse de la lumière. Une semaine après le départ de la Terre, le délai de réponse à un message a atteint la dizaine de secondes rendant les conversations audio ou visioconférence impossible. Pendant trois cinq, vous communiquiez avec l’extérieur du vaisseau uniquement par mail avec un délai de réponse de plusieurs minutes. La seule exception fut les quelques jours ou vous avez croisé le Pegasus, le jumeau du Bifröst qui faisait le voyage Vénus-Terre avec quelque colonie souhaitant rentrer sur Terre. Depuis quelques jours, vous communiquez en quasi direct avec vos futures collègues sur Vénus. Cependant, pour votre famille restée sur Terre, le temps de réponse minimal est de 7 minutes. Au cours de votre mission, ce délai va augmenter et atteindra un maximum de 30 minutes dans une dizaine de mois. A ce moment-là, le soleil sera entre la Terre et Vénus et coupera les communications directes. Seuls les messages essentiels pourront être envoyés en étant relayés par les colonies martiennes ou des relais spécifique au point de LaGrange. Après c’est quelques jours de quasi-blackout radio, les communications directes reprendrons et le délai diminuera jusqu’à passer sous la dizaine de minute peut avant la prochaine fenêtre de tir dans 15 mois.

Position de la Terre, de Vénus et du Bifröst au début (1) milieu (2) et fin (3) du voyage interplanétaire.

7H05 : la deuxième sonnerie du réveil vous pousse à vous lever. En ouvrant le volet du hublot vous admirez dans la pénombre le spectacle habituel du défilé des modules de la première roue que vous admirez depuis votre chambre située dans la seconde. Pourtant, au cours de la rotation, une lumière jaunâtre inhabituelle commence à éclairer le vaisseau. En vous collant à la vitre vous apercevez en bas à gauche un éclat aveuglant. Vous le saviez pourtant, Venus vue depuis l’orbite est plus brillante que le soleil vu de la terre. Cela est dû aux nuages qui reflètent très efficacement la lumière du soleil proche. Le temps que vos yeux s’y habituent, Vénus apparaît immense, de la taille d’un ballon tenu à bout de bras. Seul un hémisphère face au soleil est visible. Dune infinité de variante de jaune, il laisse apparaître des nuages duveteux composés de structures étagées bien plus impressionnantes que les photos que vous en aviez vues. En regardant plus bas, vous voyez la limite entre la face éclairée et la face nuit de la planète. Cette limite n’est pas claire car les nuages les plus hauts sont encore éclairés directement par le soleil et brillent encore d’un puissant éclat jaune. Les nuages en dessous sont éclairés uniquement par la lumière réfléchie par les autres nuages et apparaissent rouge. Ce rouge se prolonge dans la phase non éclairée avant de disparaître peu à peu pour laisser place au noir. En placent votre main devant la phase éclairée de la planète, vos yeux se réhabituent à l’obscurité et vous permettent de distinguer la face non éclairée uniquement grâce à l’absence d’étoile dans ce secteur. Ce spectacle se prolonge une dizaine de secondes jusqu’à ce que Vénus disparaisse en bas à droite de votre hublot et une vingtaine de secondes après, elle reparait de l’autre côté à l’image d’un cycle jours nuit d’une quarantaine de secondes.

Vu de près, la complexité des structures nuageuse de Vénus saute aux yeux (source)

Aménagement intérieur

Après avoir admiré plusieurs fois ce spectacle, vous vous lever dans votre appartement étrangement vide. Avec une cuisine et une salle de bain, cet appartement d’environ 15m² ressemble à un studio étudiant et vous permet d’avoir un espace à vous dans l’immense ruche qu’est le Bifröst. Il vous a toujours paru assez impersonnel car il est utilisé par une nouvelle personne à chaque voyage, mais là en plus il est carrément vide. En effet, ces derniers jours vous avez dû ranger le peu d’affaires personnelles que vous avez emmenées dans une valise que vous avez installé dans le Starship qui vous mènera sur Vénus.

Plan d’un module d’habitation avec 10 appartements

Un bon petit déjeuner, un tour dans la salle de bain et vous enfilez votre combinaison de vol. Elle est conçue pour vous protéger en cas de dépressurisation du starship pendant la rentrée atmosphérique. Bien plus confortable que ses équivalents du début de la conquête spatial, elle est spécialement adaptée à Vénus. Comparé à vos anciennes combinaisons lunaires, vous avez immédiatement repéré la couche externe de téflon qui protège des nuages d’acide. De plus un petit sac comprend un ballon à déployer en cas d’évacuation si le starship ne parvient pas à se poser. Une fois gonflé à l’hélium, ce ballon vous permet de flotter comme une montgolfière et attendre les secours. Une fois habillé, il ne vous reste plus qu’à ranger la vaisselle et plier les draps en quittant votre chambre. Alors que vous descendrez vers la surface, le Bifröst se placera sur une orbite d’attente ou il recevra la visite d’équipe d’entretien et de ménage qui le prépareront pour son prochain voyage. En effet, dans 15 mois, à la prochaine fenêtre de tir, des travailleurs mettant fin à leur mission ou des colons vénusiens voulant visiter la Terre le prendront pour un voyage Vénus-Terre alors que le PEGASUS fera le trajet inverse.

Dans le couloir vous constatez que la majorité de vos voisins on fait de même et vous quittez le module habitation pour les rejoindre dans le module Agora. Ces modules repartis régulièrement sur les roues regroupent toutes les espaces de vie commune pour une trentaine de personne. Ils sont le cœur des « quartiers » constitué de trois modules d’habitation d’une dizaine d’appartement comme le vôtre. Dans la roue, entre les quartiers, on trouve des « modules communs spéciaux » (MCS). Contrairement aux modules des quartiers qui sont similaires dans leur fonction et donc leur forme, les MCS sont souvent uniques dans le Bifröst. Ils abritent les infrastructures qui ne sont pas nécessaire à l’échelle d’un quartier de 30 personnes mais indispensable pour la ville de 2000 habitants qu’est le vaisseau. Ces modules peuvent être des services comme des hôpitaux, des bureaux administratifs, des ateliers techniques, ou des cuisines centrales mais d’autres sont destinés aux loisirs comme certains aménagements sportifs, des salles de spectacles ou des boutiques.

Détail d’une portion de roue

En plus des roues, une grande partie du tube central est ouvert à tous, comme les salles de sport 0 G, des espaces de stockage et les points d’amarrages des starship. Les parties plus sensibles comme les centrales électriques, les systèmes de support vie ou les éléments de propulsion sont réservés au personnel qualifié. D’ailleurs, seul le capitaine et quelques officiers mécaniciens qui supervisent la maintenance du vaisseau entre deux fenêtres de tir sont des membres d’équipage à plein temps du Bifröst. Le reste des postes, des pilotes de starship au personnel d’entretien, sont occupé uniquement pendant les vols interplanétaires par des passagers en fonction de leur compétence.

Lorsque vous rentrez dans l’Agora c’est l’agitation, certains regardent leur mail sur les ordinateurs en libre disposition, d’autre se servent un café mais la majorité discute. Pour éviter la cohue, chaque quartier embarque dans les starship à tour de rôle. Alors que les derniers retardataires arrivent et les quelques discours d’au revoir se finissent, c’est l’heure de la vôtre. Vous été parmi les premiers à embarquer dans l’ascenseur qui mène de la roue jusqu’au tube central. Par ascenseur, on entend en fait une simple plateforme qui coulisse dans le rayon de 100m de long dont vous distinguez à peine le bout au-dessus de vous. Alors que l’ascenseur monte, vous sentez la gravité artificielle diminuer jusqu’à devenir quasi imperceptible alors que vous arrivez au bout de la montée. Là où, certains préfèrent se maintenir quelque secondes dans l’ascenseur, vous profitez de la décélération pour vous projeter en avant, fait une pirouette et atterrir sur vos pieds dans le tube central. Il vous faut réprimer une sensation de vertige le temps que votre sens de l’équilibre comprenne que le tube central n’est pas en rotation.

Tube centrale du Bifröst avec les aires d’embarquement des starship et la baie moteur

Vous vous déplacez ensuite en apesanteur à travers les stocks de nourriture désormais quasi vides, en vous réjouissant de ne pas avoir eu à vous y abriter pour cause de tempête solaire. Vous débouchez enfin dans la salle d’embarquement ou vous dites une dernière fois au revoir aux habitants de votre quartier qui partent pour d’autres colonies que vous. Il est désormais temps de quitter le Bifröst qui fut votre maison pendant 5 mois et passé le sas du starship qui vous conduira sur Vénus.