Vu l’impact qu’une telle mission aurait eu dans le public, tout le monde sait qu’il n’y a jamais eu d’astronautes ou de cosmonautes à proximité de Vénus. Malgré tout plusieurs projets ont été établis mais ne sont jamais allés très loin.

Apollo application program

Le premier projet est probablement un des plus sérieux vit le jour au milieu des années 60 en plein programme Apollo.  Il fait partie des missions « Apollo application program »  (AAP) qui cherchaient à réutiliser les éléments du programme lunaire pour d’autres objectifs. Les 3 astronautes auraient dû passer plus d’un an dans l’espace interplanétaire pour seulement quelques heures de survol.  La mission aurait été lancée par une Saturn V modifiée qui aurait lancé un vaisseau de commande et de service Appolo (CSM). Le 3eme étage (SIVB) n’aurait pas été largué, mais se serait vu ajouté des panneaux solaires et des antennes de communication. Après utilisation, son réservoir d’hydrogène aurait été vidé puis rempli d’air pour en faire un module d’habitation.  Ce concept d’utilisation d’un réservoir comme habitat est appelé habitat humide. Le module d’exploration lunaire aurait été remplacé par un compartiment fixé au SIVB qui aurait compris le matériel nécessaire à l’aménagement du réservoir d’hydrogène. Sur certains plans, le CSM aurait vu son unique moteur AJ10 remplacé par deux moteurs plus courts afin de libérer de la place et d’avoir une redondance. En plus de son rôle de poste de pilotage pendant le lancement et le retour sur Terre, le CSM aurait pu servir aux corrections de trajectoire. Ces moteurs devaient aussi servir à freiner en fin de mission pour que le retour terrestre se fasse à une vitesse acceptable.

aménagement d’un SIVB transformé en atelier humide (source)

Ce programme aurait dû se découper en 3 phases. La phase A constituée uniquement en la mise en orbite, un CSM et un SVIB modifié pour tester la faisabilité d’un aménagement de ce dernier.  La phase B consiste en une mission longue durée en orbite haute au-dessus de la ceinture de Van Allen, donc plus exposée aux radiations. Cela aurait permis de simuler au mieux un vol interplanétaire mais avec une capacité de retour rapide. La phase C était la mission de survol vénusien à proprement parlé. La saturn V réaménagée aurait dû décoller en 31 octobre 1973 pour un survol de Vénus 5 mois plus tard et rentrer sur Terre fin 1974. Mais si aucune de ces 3 missions n’a été lancée, les études d’aménagement du SIVB ont servi à construire de Skylab.

TMK-MAVR

L’équivalant soviétique du projet AAP est le projet TMK (pour vaisseau interplanétaire lourd en russe). C’était une série de missions interplanétaires lancées par une fusée géante N1. Une version de ces missions était la MAVR pour MArs-VeneRa car elle devait se constituer d’un vol de deux années au cours duquel le vaisseau devait survoler Mars puis Vénus. Le vaisseau de 75 t devait être lancé en une fois par une fusée N1 avec un étage supérieur à hydrogène. Le vaisseau comprenait des panneaux solaires, des antennes de communication, des sondes à larguer sur les différentes planètes et une capsule qui, une fois larguée permettrait le retour des trois cosmonautes sur Terre.  Evidemment, vu que la fusée N1 n’a jamais fonctionné, le projet TMK ne vit jamais le jour.

vue d’artiste d’un TMK survolant Vénus (source)

HAVOC

En 2015, une équipe de la NASA a mené une étude d’architecture de mission habitée sur Vénus nommée concept opérationnel de haute altitude de Venus (HAVOC en anglais abrégé). Le programme se serait découpé en 3 phases. La première est entièrement automatique avec un dirigeable vénusien de 30m de long qui testerait les technologies des futures étapes et embarquerait de nombreux instruments scientifiques. La deuxième phase doit envoyer des astronautes se mettre en orbite autour de Vénus sans rentrer dans l’atmosphère. La dernière phase doit permettre à deux astronautes d’explorer l’atmosphère de Vénus dans un dirigeable de 130 m pendant un mois au cours d’une mission d’un an et 3 mois.

La mission nécessite le lancement en orbite terrestre basse de deux éléments ainsi que des étages de propulsion pour le lancer vers Vénus. Le premier est un habitat interplanétaire qui abrite les astronautes pendant les 110 jours de voyage aller puis 300 jours du retour et resterait en orbite autour de Vénus pendant les 30 jours d’exploration. Le second élément comprend le dirigeable plié et serait lancé avant l’habitat. Une fois les deux éléments en orbite autour de Vénus, ils s’amarreraient pour permettre le passage des astronautes de l’habitat vers l’élément dirigeable. Ce dernier désormais habité plonge dans l’atmosphère et se déploie pendant la chute. A la fin des 30 jours d’exploration atmosphérique, les astronautes pénètrent dans le lanceur attaché sous le dirigeable pour regagner l’élément habitat qui les ramènerait sur Terre.

Chaque mission demande 2 lanceurs superlourds SLS, 8 lanceurs commerciaux lourds et 2 lanceurs habités pour amener et ramener les astronautes entre la Terre et l’habitat en orbite terrestre basse. Si on prend en compte à cette profusion de lanceurs, le coût de développement exorbitant des différents éléments et le peu de retombées scientifiques, cette mission est irréaliste d’un point de vue économique. Le projet Havoc doit donc être pris pour ce qu’il est, une étude de faisabilité et un rappel des possibilités d’exploration habitée alternative à Mars.

Les images présenté ici provient du rapport sur la projet HAVOC ci-joint.

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