Ce rapport se concentre plus sur la possibilité technique d’une mission habitée sur Vénus que sur les opérations sur place. Parmi les différents éléments que l’on pourrait imaginer, on peut citer :

– Du matériel de laboratoire et des expériences géologiques, biologiques, chimiques et météorologiques.

– Des drones aériens et/ou des aéronefs habitables de plus ou moins grande autonomie, afin de faire des mesures atmosphériques à distance de la base.

– Des robots de surface téléopérés depuis la base, capables de ramener des échantillons pour une analyse en laboratoire. Ils devront être capables de survivre 5 jours aux conditions de surface, afin de pouvoir remonter au prochain survol de la base.

Il convient de parler plus précisément de l’élément qui sera probablement le plus emblématique, le scaphandre de surface. Il est probable que le grand public considère que la conquête de Vénus passe par des activités surfaciques habitées. Etant donné la complexité du système, il n’est pas garanti que cela fasse partie de la première mission habitée. Mais même aux limites des technologies actuelles, ce système n’est pas techniquement impossible et permettra des retombés technologiques terrestres. De ce qu’on peut en imaginer aujourd’hui, un tel scaphandre aura une structure en carbone-céramique recouvrant une isolation thermique importante. Le refroidissement se fera avec une réserve d’eau qui s’évaporera peu à peu pour gonfler un ballon qui fera remonter les scaphandres (en effet, l’hydrogène passe de l’état gazeux à critique en dessous de 25 km d’altitude et perd sa portance). Avec ce fonctionnement, il est impossible de tenir plus de quelques heures en surface. Donc dans un premier temps un aéronef à hydrogène montera le scaphandre à plusieurs km au-dessus de la base pour prendre de l’avance (grâce au vent d’altitude) sur cette dernière. De plus, la température plus basse refroidira la réserve d’eau. Les scaphandres tombent ensuite en chute libre et déploient les ballons portants vides (qui seront remplis de vapeur d’eau à la remontée) comme des parachutes afin de ralentir avant le contact. Pendant les activités surfaciques, la base rattrapera son retard pour être finalement interceptée pendant la remontée.

Les scaphandres rigides testés à vide à plus de 90 bars offrent un bon exemple de ce à quoi pourrait ressembler un scaphandre vénusien.

À côté de ce matériel destiné à l’étude de Vénus, une partie des recherches scientifiques sera consacrée aux tests des techniques destinées à la colonisation. On peut citer l’utilisation de serres pour la production de nourriture probablement en boucle fermée, du type Melissa. Il est aussi nécessaire de développer des systèmes de production de matériaux de construction in situ. Pour cela, l’atmosphère de Vénus offre une large variété d’éléments permettant de produire le PTFE indispensable à la protection contre l’acide sulfurique, le PVC pour les éléments structuraux, et tous les éléments indispensables à la vie (eau, oxygène, azote). Pour finaliser les préparatifs de la colonisation, il est possible de ramasser des éléments métalliques en surface, à commencer par l’aluminium pour améliorer les structures et du silicium et du fer pour les éléments électroniques. Un point-clé de la colonisation est la production in situ des sources d’énergie, pour cela on peut imaginer :

– Des panneaux solaires minéraux produits avec l’aluminium et le silicium de surface.

– Des panneaux solaires organiques produits avec les éléments atmosphériques.

– Des ballons portants concentrant la lumière en leur centre, à l’image d’un four solaire.

– Un système d’aérothermie utilisant des câbles de plusieurs km pour profiter de la différence de température entre les couches d’atmosphère.

– Des systèmes de voiles de traction ou d’éoliennes fixés à des structures positionnées à des altitudes différentes pour profiter du gradient de vitesse des vents.

Exemple de production à partir de l’atmosphère de Vénus

Le matériel scientifique sera transporté par les modules de fret atmosphérique (le terme fret est utilisé pour éviter les confusions avec les cargos utilisés pour ravitailler les cycleurs). Au moins deux modules de fret seront envoyés vers Vénus à chaque mission habitée. En plus du matériel scientifique qui représente les 2/3 de la charge, ils transporteront aussi les pièces de rechange de la base et les vivres.

Module de fret Remarque Masse (kg)
Ballons   200
Hydrogène de portance   500
Structure   750
Systèmes divers   250
Fret Avec réserve de conception 5 100
Total   6 800

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