Donc à première vue, Vénus passe pour un enfer avec les pires conditions du système solaire mais dans la zone des nuages (40 à 60km d’altitude) se trouve une oasis qui regroupe probablement les conditions les plus proches de la Terre. La première caractéristique hospitalière est les conditions atmosphériques, entre 50 et 60km d’altitude, la température varie de 75 à -10°C et la pression atmosphérique est comprise entre 1 et 0,23 bar. Donc à 55km, les conditions sont très proches des hauts plateaux andins en plus chaud, ce qui signifie qu’une forme de vie adaptée aux conditions terrestres pourrait vivre sans enceinte pressurisée ni protection thermique, contrairement aux autres corps du système solaire.
L’atmosphère de CO2 ne permet pas une respiration classique et les nuages d’acide sulfurique extrêmement corrosifs détruiraient la plupart des molécules organiques. Cependant, ces deux composants peuvent se révéler être une ressource car on peut extraire de l’oxygène, du CO2 et de l’acide sulfurique qui peut aussi fournir de l’eau indispensable à la création du support vie. De plus, l’azote présente de l’atmosphère peut faire office de gaz principal pour crée un mixte respirable avec le l’oxygène comme sur Terre. L’air, ainsi crée à aussi la propriété d’être portant dans l’atmosphère de Vénus (car plus léger que le CO2) et permet ainsi de vivre à l’intérieur même d’immenses ballons. La présence d’une atmosphère dense offre aussi une protection anti-radiations car même en l’absence de champs de magnétique, la masse de CO2 présente au-dessus fait une barrière anti-radiations efficace (supérieure à celle de la surface terrestre) contre les rayonnements solaire et cosmique.
Contrairement à un module spatial, lunaire ou martien qui seront de véritables petits bunkers, les parois d’une base vénusienne n’auraient ni rôle d’isolation thermique, ni celui de protection anti-radiations et subiraient une très faible différence de pression. Le principal rôle des parois est de créer une barrière étanche et donc elles doivent être légères et transparentes à condition de résister au nuage d’acide qui offre un spectacle magnifique.
La vitesse des vents pouvant attendre 350km/h peut paraître rédhibitoire, mais faute de points fixes, la base serait en mouvement avec l’atmosphère à 350km/h créant un cycle jour/nuit durant 4 jours terrestres contre 117 au sol. Cette vitesse est la vitesse maximale atteinte à 60km d’altitude, elle diminue à des altitudes plus faibles. Cela permet de faire varier la vitesse de la station flottante sans propulsion mais en jouant sur l’altitude pour permettre un rendez-vous entre plusieurs éléments.
En plus de ce mouvement vers l’ouest, toujours en jouant sur l’altitude il est possible de choisir un déplacement vers le nord ou le sud. En effet, avec la cellule de Hadley de chaque hémisphère, le vent dans la partie inférieure de la zone des nuages, se dirige vers l’équateur alors qu’en haut le vent est vers le pôle. Ainsi une base principale peut être dans la zone basse de l’atmosphère pour rester stable sur l’équateur, alors qu’un véhicule d’exploration prend de l’altitude pour choisir sa latitude et étudier la zone puis descend pour revenir à la base sur l’équateur.
En plus de ces mouvements horizontaux globalement connus, l’étude des mouvements verticaux pouvant provoquer des turbulences est très limitée car les orbiteurs ont du mal à repérer des mouvements verticaux de moins de 10m/s (36km/h). Les données les plus précises sont celles effectuées par les deux ballons des missions soviétiques Vega qui ont cumulé 100h d’enregistrement repérant des mouvements verticaux allant jusqu’à 3m/s mais ne provoquant pas d’accélération supérieure à 1% de la gravité terrestre donc perturbant peu ou pas la vie des occupants d’une base flottante.
Contrairement à une colonie martienne (avec une faible puissance solaire pouvant être interrompue par des tempêtes) l’approvisionnement en énergie n’est pas un problème sur Vénus. La puissance solaire reçue à 50km d’altitude est 50% plus importante que celle reçue à la surface de la Terre par une bonne météo. De plus sur Vénus, avec la réflectivité des nuages, la lumière vient de partout et un panneau photovoltaïque produirait de l’électricité quelle que soit l’orientation et continuerait à être éclairé même un petit moment après le coucher ou avant le lever du soleil.
Pour les périodes d’obscurité qui peuvent durer 50 heures , il est soit possible d’utiliser un système de stockage d’énergie ou de récupérer de l’énergie éolienne ou aérothermie. Vu que le ballon se déplace avec la masse d’air environnant, y placer une turbine éolienne n’aurait aucun intérêt, cependant si une éolienne ou une voile de traction se trouve à une altitude différente du ballon auquel il est attaché, la différence de vitesse crée une différence de force pouvant générer de l’énergie. Toujours en jouant sur l’altitude, il est possible d’utiliser la température supérieure dans les couches basses de l’atmosphère pour extraire de l’énergie à la façon de ce qui est fait sur Terre par géothermie.
Avec cette énergie, il est possible de faire de la production de tout l’élément indispensable à une base. Avec l’eau (provenant de l’acide sulfurique) et le CO2, on peut produire de l’hydrogène, de l’oxygène et du méthane liquide utilisables par des moteurs pour le retour sur Terre. Il est aussi possible de produire des éléments plastiques comme le polyéthylène ou du PVC permettant de fabriquer diverses structures ou objets. De plus, le fluorure d’hydrogène permet de produire le PTFE indispensable à protéger les ballons et modules des nuages d’acide sulfurique. En piochant des éléments métalliques et céramiques à la surface, il est possible de construire des pièces métalliques et des éléments électroniques. De plus, les avancées dans les fibres et nanotubes de carbone ainsi que dans l’électronique organique permet d’imaginer à l’avenir de la production in situ d’éléments de structure extrêmement performants ou des éléments électroniques voire des panneaux solaires.